dimanche 21 octobre 2012

Boucheron : les précieux secrets de la place vendôme

C’est une lettre sans timbre qui m’a conduit place Vendôme, au 26, dans la maison Boucheron, une lettre manuscrite cachetée d’un sceau en cire : principalement une adresse ornée de pleins et de déliés, mon nom dans une écriture féminine et j’ai goûté avec amusement ce charme suranné. Un mot, impératif, théâtrale, presque un commandement, remplissait l’enveloppe : « Venez ! »

L’après-midi même, je naviguais sur le site de Boucheron « 26 pl@ce Vendôme ». Je m’étais inscrit pour redécouvrir la maison de joaillerie de façon singulière à travers les réseaux sociaux. Coïncidence ? Je me retrouvais en pamoison devant la collection Quatre, vue deux heures auparavant : quatre anneaux de quatre ors différents, quatre motifs pour un précieux bijou. J’attendais l’expéditeur de la lettre, mes yeux glissaient dans les vitrines avec ravissement.

Je n’étais pas prêt à m’inventer une histoire. J’imaginais de ce courrier une rencontre, une femme élégante, certes, belle, peut-être, et nous allions partager un moment dont j’ignorais le motif. Une voix délicate m’avertit : « nous allons bientôt fermer, monsieur ». Le temps que je me retourne, j’étais seul dans l’hôtel particulier, plongé dans le noir, le rideau baissé. Il faisait nuit.

Inquiet, j’ai tourné sur moi-même en voyant les systèmes d’alarme clignoter. J’avais peur de bouger. Comment justifier ma présence en ce lieu ? Un bruit s’est fait entendre : mon hôtesse mystérieuse a jailli d’un passage secret, masquée derrière un éventail. Elle s’est dressée devant moi à m’observer. Elle portait une robe à crémaillère, en velours de jade. Sur sa poitrine une rivière d’émeraudes gouttes scintillait. Après m’avoir déshabillé du regard, elle s’est écrié : Fuyez !

Je n’ai pas pu fuir. Ce regard passionné, cette voix suave… Par mégarde, j’ai inspiré le souffle qu’elle venait d’expirer. Des images du passé m’ont traversées l’esprit : j’ai vu une ombrelle - c’était il y a un siècle - une boite à jeux aux motifs japonais, une calèche, un valet, de la poudre d’or sur son visage lors d’un bal masqué. Elle portait ce soir de jadis des parures qu’elle transformait : d’un collier elle faisait deux bracelets, l’un serti de saphirs autour de sa cheville nue, l’autre qu’elle agitait… je l’ai reconnue, puis nommée. Elle m’a répondu :
« Je voulais te revoir. Vous souvenez-vous ? Jadis, nous nous sommes tant aimés… Une seconde ! »

Elle venait du passé, mais je voyais son cœur battre au présent, un cœur de diamant, luminescent. Il absorbait les lumières de la nuit pour renvoyer des éclats de couleurs, le spectre d’une lumière dont se dégageait une énergie absolue. J’ai voulu soudain l’embrasser. Je me serais jeté sur elle à corps perdu. Mais elle s’est cachée le visage une seconde fois. Elle a disparu par une porte à la dérobée. Je me suis retrouvé seul et prisonnier du lieu.

J’ai crû avoir rêvé. Qui ne l’aurait pas crû ? Mais au petit matin, caché dans le bracelet de ma montre Reflet, j’ai découvert un mot froissé, plié en quatre, une écriture féminine de pleins et de déliés :

« Il y a tant de mystères entre ces murs, tant d’histoires. Ma demeure est l’écrin d’un diamant qui garde l’éternité de notre amour. D’une seconde. »
De retour chez moi, revisitant le site du 26 pl@ce Vendôme, en quête des secrets de la maison Boucheron, j’ai recherché cette amante mystérieuse que j’avais jadis tant aimée. Je méditais sur l’éternité de notre amour, d’une seconde.
Site web Boucheron, crédits photos : Boucheron
Le 16 décembre 2011 par Erwan Gabory















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